Une nouvelle taxe sur le streaming musical confirmée pour janvier, voici l’impact sur votre abonnement

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Rédigé par Chloé Duboisier

30/10/2025

Le couperet est tombé pour les géants du streaming musical. À compter du 1er janvier 2025, une taxe sur le chiffre d’affaires des plateformes de streaming audio sera mise en place en France. Cette mesure, inscrite dans la loi de finances pour 2025, est l’aboutissement de près de deux ans de débats houleux entre le gouvernement et les acteurs d’un secteur qui représente aujourd’hui l’essentiel des revenus de la musique enregistrée. L’objectif affiché est de créer une nouvelle source de financement pour la filière musicale française, mais cette décision soulève de nombreuses questions quant à son impact sur les entreprises et, in fine, sur le portefeuille des consommateurs.

Une nouvelle taxe sur le streaming musical : confirmation et implications

Cadre législatif et calendrier de mise en œuvre

La confirmation de cette contribution obligatoire est intervenue suite à son inscription dans le projet de loi de finances. Annoncée initialement le 13 décembre 2023 pour une application en 2024, sa mise en œuvre a finalement été reportée au 1er janvier 2025. Le dispositif est clair : un prélèvement de 1,2 % sera appliqué sur le chiffre d’affaires réalisé en France par les plateformes dont les revenus dépassent le seuil de 20 millions d’euros. Le gouvernement dispose désormais de plusieurs mois pour publier les décrets d’application qui viendront préciser les modalités exactes de collecte.

Qui est concerné par ce prélèvement ?

La taxe vise directement les services de streaming musical, qu’ils soient accessibles via un abonnement payant ou financés par la publicité. Sont donc dans le viseur les acteurs majeurs du marché comme Spotify, Deezer, Apple Music ou encore Amazon Music. Le seuil de 20 millions d’euros de chiffre d’affaires permet de cibler les entreprises les plus importantes tout en épargnant les plus petites structures et les nouveaux entrants. Cette mesure s’appliquera de manière égale aux plateformes, qu’elles soient françaises ou internationales, dès lors qu’elles opèrent sur le territoire français.

Les premières implications pour le marché

L’annonce de cette taxe a créé une onde de choc dans l’industrie. Pour les plateformes, elle représente une nouvelle charge financière qui s’ajoute aux redevances déjà versées aux ayants droit. Cette situation pourrait les inciter à revoir leur modèle économique ou à ajuster leur stratégie d’investissement en France. Un rapport d’évaluation est prévu pour mesurer l’efficacité du dispositif et son impact réel sur l’écosystème musical une fois qu’il sera en place.

Maintenant que les contours de cette nouvelle contribution sont définis, il est essentiel de comprendre la finalité des fonds qui seront collectés et l’organisme qui en aura la charge.

Objectifs de la taxe : soutenir la création française

Le rôle central du Centre national de la musique (CNM)

L’intégralité des recettes générées par cette taxe sera fléchée vers le Centre national de la musique (CNM). Créé en 2020, cet établissement public a pour mission de soutenir l’ensemble de la filière musicale française, des artistes aux auteurs, en passant par les éditeurs, les producteurs et les salles de spectacle. Le CNM n’en est pas à sa première source de financement, puisqu’il perçoit déjà des contributions issues de la billetterie des concerts et des festivals. Ce nouvel apport financier vise à consolider ses capacités d’intervention dans un secteur en pleine mutation.

Promouvoir la diversité musicale et les artistes émergents

L’objectif premier de cette mesure fiscale est de protéger et de promouvoir la diversité culturelle. Les fonds collectés serviront à financer des projets qui peinent parfois à trouver un équilibre économique dans un marché très concurrentiel et dominé par les productions internationales. Les aides du CNM se matérialisent sous plusieurs formes :

  • Soutien à l’enregistrement d’albums et à la production de clips vidéo.
  • Aides financières pour l’organisation de tournées en France et à l’étranger.
  • Subventions pour l’innovation et le développement de nouveaux projets artistiques.
  • Accompagnement des labels indépendants et des artistes autoproduits.

Un mécanisme de solidarité sectorielle

En soumettant les géants du numérique à contribution, le gouvernement instaure un principe de solidarité. L’idée est que les acteurs qui profitent le plus de la diffusion de la musique participent activement au renouvellement de la création. Ce modèle s’inspire de mécanismes existants dans d’autres secteurs culturels, comme celui du cinéma, où les chaînes de télévision et les distributeurs financent la production de films français. Il s’agit d’une application de l’exception culturelle française à l’ère du numérique.

Si la finalité de la taxe est de soutenir l’écosystème musical, son application directe représente une charge non négligeable pour les entreprises concernées.

Impacts financiers sur les plateformes de streaming

Calcul du prélèvement et base imposable

Le calcul de la taxe est basé sur un taux fixe de 1,2 % appliqué au chiffre d’affaires total généré en France. Cela inclut à la fois les revenus issus des abonnements payants et ceux provenant de la publicité diffusée sur les offres gratuites. Pour une plateforme générant 100 millions d’euros de revenus en France, la contribution s’élèverait donc à 1,2 million d’euros par an. Cette charge vient s’ajouter aux coûts opérationnels et, surtout, aux sommes considérables déjà reversées aux maisons de disques et aux sociétés de gestion de droits d’auteur.

Chiffre d’affaires annuel en France Montant de la taxe (1,2 %)
25 000 000 € 300 000 €
100 000 000 € 1 200 000 €
300 000 000 € 3 600 000 €

Une charge supplémentaire dans un marché compétitif

Le marché du streaming musical est extrêmement concurrentiel. Les plateformes investissent massivement en marketing et en technologie pour attirer et retenir les utilisateurs. Pour beaucoup, la rentabilité est encore fragile. Cette taxe est donc perçue comme un obstacle potentiel à leur développement et à leur capacité d’innovation. Certains acteurs craignent que cela ne freine leurs investissements sur le marché français, notamment dans la promotion d’artistes locaux.

Face à cette nouvelle dépense, la réaction la plus probable des plateformes est de chercher à préserver leurs marges, ce qui pourrait avoir une conséquence directe pour les millions d’utilisateurs.

Augmentation potentielle des prix d’abonnement

La répercussion quasi inévitable sur le consommateur final

Il est fort probable que les plateformes de streaming choisissent de répercuter le coût de cette taxe sur le prix de leurs abonnements. C’est une stratégie courante pour les entreprises confrontées à de nouvelles charges fiscales. Plusieurs acteurs majeurs n’ont pas caché que cette option était sur la table, arguant qu’ils ne pouvaient pas absorber seuls ce surcoût sans compromettre leur modèle économique. Le consommateur final pourrait donc être le premier à payer la note de ce soutien à la création française.

Quelle hausse de tarif attendre ?

L’augmentation pourrait être directement proportionnelle au taux de la taxe, soit environ 1,2 %. Cependant, les plateformes pourraient en profiter pour arrondir les prix ou pour procéder à une réévaluation plus globale de leurs tarifs. Une hausse, même minime, reste symboliquement importante dans un contexte économique où le pouvoir d’achat est une préoccupation majeure pour de nombreux ménages.

Prix de l’abonnement actuel Prix après une hausse de 1,2 % Prix après arrondissement
10,99 € 11,12 € 11,49 €
17,99 € (offre famille) 18,21 € 18,49 €

L’impact sur le taux d’abonnement et le piratage

Toute augmentation de prix comporte un risque : celui de voir certains utilisateurs se désabonner. Une partie de la clientèle pourrait se tourner vers les offres gratuites financées par la publicité, ou pire, vers des moyens de consommation illégaux. Le secteur musical a mis des années à endiguer le piratage de masse grâce à des offres légales attractives et abordables. Un renchérissement des abonnements pourrait fragiliser cet équilibre durement acquis.

Cette perspective d’une hausse des prix, couplée à la charge financière pour les entreprises, a logiquement provoqué de vives réactions au sein de l’industrie musicale.

Réactions des principaux acteurs du secteur

Les syndicats de producteurs : des avis partagés

Le paysage syndical de la production musicale est divisé. D’un côté, l’Union des producteurs phonographiques français indépendants (UPFI) a salué une mesure jugée nécessaire pour le financement de la diversité musicale. De l’autre, le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP), qui représente les majors du disque, a critiqué une taxe qui pénalise un secteur déjà principal contributeur à la création et qui risque, selon lui, de freiner la croissance du marché.

La position unanime des plateformes de streaming

Sans surprise, les plateformes de streaming se sont unanimement opposées au projet. Elles estiment être le moteur de la croissance de l’industrie musicale et considèrent que cette taxe vient sanctionner leur succès. Leur argumentaire principal est que ce prélèvement va à l’encontre des intérêts des consommateurs et des artistes, en risquant de ralentir l’adoption du streaming payant et donc de réduire les revenus globaux de la filière.

Le point de vue des artistes et des sociétés de gestion de droits

Du côté des créateurs, les avis sont plus nuancés. Certains artistes et sociétés de gestion de droits voient d’un bon œil cette nouvelle manne financière qui profitera à des projets moins exposés. D’autres, en revanche, s’inquiètent des conséquences indirectes : si les abonnements diminuent, les revenus issus du streaming, qui constituent une part croissante de leur rémunération, pourraient également baisser.

Cette initiative française, bien que controversée, n’est pas totalement isolée et s’inscrit dans une réflexion plus large sur la contribution du numérique à la culture.

Comparaison avec les mesures fiscales européennes sur le streaming

La France, un cas précurseur pour la musique

Si la France fait figure de pionnière avec cette taxe spécifique au streaming musical, l’idée de faire contribuer les plateformes numériques au financement de la création locale n’est pas nouvelle. Plusieurs pays européens ont déjà mis en place des dispositifs similaires, mais ils concernent majoritairement le secteur de la vidéo à la demande. Netflix ou Amazon Prime Video sont ainsi déjà contraints de participer au financement de la production audiovisuelle dans plusieurs États membres, dont la France.

Modèles fiscaux dans d’autres pays européens

La situation fiscale des services de streaming varie considérablement d’un pays à l’autre en Europe. Le modèle français de taxe affectée à un organisme sectoriel reste une exception. D’autres pays préfèrent des approches différentes, comme des obligations d’investissement direct dans la production locale ou des réglementations sur les quotas de diffusion de contenu national.

Pays Taxe sur le streaming vidéo Taxe sur le streaming musical
France Oui (contribution au CNC) Oui (à partir de 2025)
Allemagne Oui (contribution au FFA) Non
Espagne Oui (obligation d’investissement) Non
Royaume-Uni Non (débat en cours) Non

Vers une harmonisation européenne ?

La décision française pourrait inspirer d’autres pays à suivre une voie similaire pour le secteur musical. La Commission européenne observe attentivement ces initiatives nationales. À terme, la question d’une régulation harmonisée à l’échelle de l’Union européenne pourrait se poser afin de créer un cadre réglementaire et fiscal cohérent pour les acteurs du numérique, évitant ainsi une fragmentation du marché unique.

L’instauration de cette taxe sur le streaming musical en France marque un tournant significatif. Conçue pour injecter des fonds dans la création française via le CNM, elle impose une nouvelle charge aux plateformes, qui sera très probablement répercutée sur les consommateurs. Entre le soutien à la diversité culturelle et le risque de freiner un marché en pleine croissance, son impact réel sera scruté de près par tous les acteurs de la filière. L’équilibre entre la contribution des géants du numérique et la préservation du pouvoir d’achat des utilisateurs sera la clé du succès ou de l’échec de cette mesure.

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6 réflexions au sujet de “Une nouvelle taxe sur le streaming musical confirmée pour janvier, voici l’impact sur votre abonnement”

  1. La nouvelle taxe sur le streaming musical en France va-t-elle vraiment soutenir la diversité culturelle sans pénaliser les consommateurs?

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  2. Cette taxe pourrait-elle inspirer une renaissance artistique en soutenant la diversité, ou simplement alourdir les galères des créateurs ?

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  3. Comme un peintre qui ajoute une nouvelle couleur sur sa palette, cette taxe apportera un souffle frais aux musiciens.

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  4. Cette taxe pourrait-elle décourager les plateformes à investir davantage en France et affecter négativement les artistes locaux?

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  5. Cette taxe peut aider nos artistes locaux, mais assurons-nous qu’elle n’impacte pas trop les abonnés. Trouvons l’équilibre !

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